mardi 9 septembre 2008

Raz les baskets

Vive le rangement!
Après deux ans de vie dans les valises, les boîtes, et les paniers, l'appart ressemble un peu plus au home sweet home qui me faisait cruellement défaut. ça m'aura cout un rein, mais ça fait du bien de se sentir finalement chez soit dans un pays où la grande majorité des maisons contiennent les meubles du proprio.

Donc, après avoir passé des heures à rechercher des adresses sur le web, à créer des carnets de tendance en veux-tu en voilà, des moments de doute insoutenable, et des gros casses tête à résoudre, j'ai réussi à trouer un arrangement qui rime bien avec la maison.

Il faut dire, j'avais de la compétition. Mon proprio, pour commencer, a un goût exquis en matière de décoration. Et que je te mets du mobilier industriel que je me demande encore où que c'est qu'il a pu bien le trouver, les mythiques canapés Club (je dis bien les) dans leur jus d'origine, et les lampes très design, et les tableaux trop la classe, il me donnait du fil à retordre. Quant à ma voisine du dessous, charmante petite anglaise qui a déjà les moyens de s'acheter un appart avec jardin et les travaux en passant, elle est à fond années 50. Du sol au plafond. Bien sûr en plus elle a la fibre artistique (plus que moi-même, cherchez l'erreur) et elle fait des sortes de tableaux avec juste des cadres anciens et des stickers qui en ressortent. Sans oublier LE frigo Smeg de la mort qui tue. La classe.

Ah çà, c'est sûr, si le métier de graphiste n'était pas aussi mal rémunéré, je laisserais place à toutes mes envies. J'ai d'ailleurs déjà ma petite idée sur la question.

Oui, c'est certain, mon postérieur se sentirait parfaitement à son aise dans cette magnifique chaise Flamingo d’Erik Joergensen. Ce superbe cuir galbé épouserait gracieusement les courbes de mon corps si fatigué par cette ville insensée. Assise, je serais si élégante, si distinguée, on me prendrait au sérieux. Tous mes rêves les plus fous se réaliseraient. Aah.. Ou presque. A 1000£ le confort de mes fesses, je peine à succomber.

Il y a aussi cette lampe plume Fouet de Coq Noir de Mat et Jewski. A 506€ la lampe, je me dis que j'ai des goûts de luxe... Mais, argh, c'est si beau! Admirez cette nonchalante association de plumes diaboliques évoquant les atmosphères romantiques et mystérieuses des chateaux oubliés. Quelle poésie!

Enfin, à force de compromis et de budget réduit, j'ai enfin un intérieur qui me plait. Comprenez, avant de partir de France, il y a deux ans, j'avais déjà abandonné mon appart pour aller vivre chez mon père. Ma vie était un carton. Des boîtes en papier, des paniers en osier, des en plastiques ou en métal, des gros sacs, des petits, des informes, tout était empaqueté, emballé, oublié. Je suis arrivée ici avec deux grosses valises et un énorme carton à dessin qui a fini de ruiner les ligaments de mon épaule gauche et qui ne m'a jamais servi. Depuis, à chaque fois que je rentre en France, je ramène ce que je peux en eurostar. Des plantes, des verres, des casseroles, tout y passe. C'est James qui est content. Il a le droit de porter le plus lourd.

Quand on aménagé dans cet appart, il y a un peu plus d'un an, on avait à peine de quoi s'acheter à manger vers la fin du mois. Je travaillais à mi-temps et James était payé au lance-pierre dans son petit magasin d'accessoires de moto. On a pas pu éviter ikea, et on s'est accommodé avec les super bargains du suédois. Nous étions les heureux détenteurs du lot penderie et commode en tube en en toile à 25£.

Aujourd'hui, j'ai dit adieu aux empaquetteurs.

Ceux-ci sont les vestiges d'une ère. Un temps où tous mes tee shirts, tous mes sous-vêtements, toutes mes chaussettes, tous les médicaments de la maison, et tout ce qui n'avait aucune autre place tenaient dans ces paniers. J'ai du mal à me representer comment cela était possible, alors que ça a été mon quotidien pendant des années.

Voici un aperçu du nouveau salon. James a posé les étagères il y a deux semaines et peint l'ancien conduit de cheminée en gris. On a changé les housses de canapés pour les unifier et rappeler l'étagère et la table en bois foncé. Quelques coussins glanés chez bonjourmoncoussin.com, car il est impossible de trouver un truc décent à un prix raisonnable ici. Ah oui, je vous avais pas dit, mais en matière de déco les english, ils sont pas très équipés. Il y a les grandes chaines sur Tottenham Court Road, et les trucs de 'luxe' roccoco de Chelsea, et basta. Les antiquaires, surtout français, se font des marges plus qu'indécentes et les petits magasins indépendants sont très durs à dénicher, vu leur nombre réduit.

La chambre et la salle de bain sont encore en cours de réalisation. Les enjeux sont de taille. Satisfaire James (et c'est pas du gâteau), trouver des bons prix et surtout que les objets soient à la bonne taille. Les pièces sont plutôt petites et ont des formes difficiles. Ma salle de bain, par exemple, est un minuscule triangle recouvert de carrés de céramique blancs et d'un grand miroir qui englobe tout un mur. À cause de ça, pas question de percer un trou pour des étagères ou un placard, et elle n'est dotée d'aucun rangement. La chambre est quand même plus grande, mais elle contient le plus grand lit jamais construit au monde. Il prend toute la place et coûte une fortune en literie.

Je ferais bien un avant/après comme à la télé, mais j'ai trop honte.
La suite bientôt, donc.